Bilan d'orientation scolaire et professionnelle en Belgique

Les « Jobs Bullshit » : Comment Retrouver du Sens au Travail

job bullshit

Vous passez vos journées dans des réunions interminables qui n’aboutissent à rien ? Vous remplissez des formulaires dont vous ne voyez jamais l’utilité ? Vous vous demandez si votre boulot apporte vraiment quelque chose à la société ? Vous n’êtes pas seul dans ce cas. En réalité, près de 40% des travailleurs européens considèrent que leur emploi n’a aucun sens. C’est ce que l’anthropologue David Graeber a appelé les « bullshit jobs », ces boulots à la con qui nous pompent notre énergie sans nous apporter d’épanouissement.

La bonne nouvelle, c’est qu’il existe des pistes concrètes pour sortir de cette impasse et retrouver un job qui vous correspond vraiment. Dans cet article, nous allons explorer ensemble ce phénomène des bullshit jobs, comprendre pourquoi il nous touche autant en Wallonie, et surtout, voir comment vous pouvez faire le pas vers une carrière qui a du sens.

Qu’est-ce qu’un « Bullshit Job » exactement ?

La définition selon David Graeber

David Graeber, anthropologue américain, a popularisé ce concept dans son livre « Bullshit Jobs » paru en 2018. Pour lui, un bullshit job, c’est un emploi que la personne elle-même considère comme inutile, vide de sens, voire néfaste. Ce n’est pas juste un boulot ennuyeux – c’est un boulot dont on sait au fond de soi qu’il ne sert à rien.

Les 5 catégories de bullshit jobs

Graeber a identifié cinq grandes familles de boulots à la con :

  • Les larbins : des postes créés uniquement pour faire paraître quelqu’un d’autre plus important, comme certains assistants qui passent leur temps à gérer des agendas déjà vides.
  • Les porte-flingues : des employés engagés pour défendre l’entreprise, comme les télévendeurs agressifs ou certains lobbyistes.
  • Les rafistoleurs : ceux qui passent leur temps à réparer des problèmes qui n’auraient jamais dû exister si l’organisation était mieux fichue.
  • Les cocheurs de cases : des employés dont le seul rôle est de remplir des formulaires administratifs pour montrer que « c’est fait », sans que ça change quoi que ce soit.
  • Les petits chefs : des managers qui gèrent des équipes qui n’ont pas besoin d’être gérées, créant des couches de hiérarchie inutiles.

Un phénomène qui prend de l’ampleur

Les chiffres font froid dans le dos. Au Royaume-Uni, 37% des travailleurs considèrent que leur job n’a aucun sens. Aux Pays-Bas, c’est carrément 40% qui pensent que leur travail n’a pas de raison d’exister. Et en France, 53% des salariés estiment que le sens au travail s’est dégradé ces dernières années. En Belgique, même si on manque d’études spécifiques, les témoignages recueillis par des consultants en bien-être au travail montrent une augmentation inquiétante de personnes en questionnement profond sur l’utilité de leur boulot.


Pourquoi les bullshit jobs se multiplient ?

La bureaucratisation généralisée

Absolument tous les secteurs sont touchés par la multiplication des tâches administratives. Même les chercheurs du CNRS témoignent qu’ils passent plus de temps à remplir des formulaires qu’à faire de la recherche. Les infirmiers en soins généraux se plaignent de passer des heures à encoder des données plutôt qu’à s’occuper de leurs patients.

Le morcellement du travail

Quand votre travail est divisé en micro-tâches, vous perdez de vue l’objectif final. C’est crucial : vous ne savez plus pour qui ni pourquoi vous travaillez. Marie-Pierre Preud’homme, consultante en bien-être du travail, explique que beaucoup de personnes se retrouvent avec des tâches tellement éloignées de la mission première de l’entreprise qu’elles ne voient plus le lien entre ce qu’elles font et l’impact réel de leur travail.

La pression de « faire quelque chose »

Beaucoup d’employés témoignent qu’ils ont assez de travail pour remplir 15 à 20 heures par semaine maximum, mais qu’ils doivent quand même être au bureau 38 ou 40 heures. Du coup, ils passent leur temps à faire semblant d’être occupés, à créer du travail inutile, ou à s’envoyer des mails sans importance pour justifier leur présence.

📊 Le saviez-vous ? En Belgique, 19,7% des emplois sont considérés comme des « emplois verts » selon une étude de la KULeuven. Ces métiers participent activement à la transition écologique et sont généralement perçus comme porteurs de sens par ceux qui les exercent.

Les conséquences psychologiques des bullshit jobs

Le bore-out : l’épuisement par l’ennui

On connaît tous le burn-out, cet épuisement professionnel dû à une surcharge de travail. Mais le bore-out, c’est son jumeau méconnu : l’épuisement causé par l’ennui et le manque de sens. Passer huit heures par jour à faire des tâches qui vous semblent inutiles, c’est épuisant mentalement. Ça peut même mener à la dépression.

Le brown-out : la perte de sens

Le brown-out, littéralement « baisse de courant », décrit cette situation où vous ne comprenez plus le sens de votre travail. Vous continuez à faire votre job par automatisme, mais l’étincelle est partie. C’est particulièrement fréquent quand il y a un décalage entre vos valeurs personnelles et ce que vous faites au quotidien.

L’impact sur la santé mentale

Marie-Pierre Preud’homme témoigne recevoir de plus en plus de personnes qui sombrent dans des dépressions liées à cette déshumanisation du travail. Certaines ont même des idées suicidaires. C’est tellement avilissant de passer la moitié de son temps d’éveil à faire quelque chose qu’on estime inutile que ça finit par attaquer la dignité même de la personne.


Les métiers à impact : l’alternative aux bullshit jobs

Qu’est-ce qu’un métier à impact ?

Un métier à impact, c’est un boulot qui répond à un besoin réel de la société, qui a un effet positif mesurable sur les gens ou sur la planète. Ça peut être des métiers dans la santé, l’éducation, l’environnement, le social, ou même certains postes dans le secteur privé qui contribuent vraiment à améliorer les choses.

Les secteurs porteurs de sens en Belgique

En Wallonie, plusieurs secteurs se démarquent par leur contribution sociale positive. Le secteur de la santé recrute massivement, avec 162 métiers en pénurie identifiés par le Forem en 2024. Les assistants sociaux, les éducateurs et les kinésithérapeutes font partie de ces métiers qui apportent une contribution directe au bien-être des personnes.

Le secteur environnemental connaît aussi une forte croissance. Des plateformes comme Meet My Job, Alterjob ou le Réseau IDée regroupent les offres d’emploi dans l’environnement et l’économie circulaire en Belgique. Ces métiers permettent de participer concrètement à la transition écologique.

Les métiers verts et verdissants

On distingue deux catégories. Les métiers verts sont de nouveaux emplois créés spécifiquement pour la transition écologique : chargé de développement énergies renouvelables, analyste Data ESG, manager numérique responsable. Les métiers verdissants sont des métiers existants qui intègrent maintenant la dimension environnementale : architecte spécialisé en éco-construction, technicien en traitement de déchets, responsable RSE.

«  Les jeunes d’aujourd’hui préfèrent avoir une vie engagée pour la société et la planète plutôt qu’une vie toute tracée de carriériste. Terminés l’aliénation au travail et les burnouts à 30 ans.

Comment transitionner vers une carrière plus alignée ?

Faire le point sur ses valeurs

Avant de vous lancer dans une reconversion, il est essentiel de clarifier ce qui compte vraiment pour vous. Quelles sont vos valeurs profondes ? Qu’est-ce qui vous donne de l’énergie ? Pour quoi seriez-vous prêt à vous lever chaque matin avec envie ? Prenez le temps de réfléchir à ces questions, idéalement avec l’aide d’un professionnel de l’orientation comme notre bilan de réorientation professionnelle.

Identifier tes compétences transférables

Vous avez plus de compétences que vous ne le croyez. Même si votre job actuel vous semble inutile, vous avez développé des savoir-faire précieux : communication, gestion de projet, analyse, travail d’équipe. Ces compétences sont transférables vers des métiers à impact. Par exemple, un commercial peut devenir chargé de plaidoyer dans une ONG, un comptable peut rejoindre une entreprise sociale.

Les dispositifs d’accompagnement en Wallonie

Le Forem propose 377 formations, dont 209 sont spécifiquement dédiées aux métiers en tension. Ces formations ciblent en priorité les personnes qui n’ont pas le CESS, mais elles sont accessibles à tous. Le Forem organise aussi des opérations « Coups de poing pénurie » pour faciliter l’accès rapide à certains métiers.

💡 Statistique encourageante : En France, 59% des personnes en reconversion occupent un poste en lien direct avec leur nouvelle qualification six mois après leur formation. La réussite est au rendez-vous pour la grande majorité !

Les obstacles à surmonter pour changer de carrière

La peur de l’échec

C’est normal d’avoir peur. 34% des actifs citent la peur de l’échec comme principal frein à la reconversion. Mais réfléchissez : est-ce que continuer dans un bullshit job qui vous rend malheureux, c’est vraiment un succès ? Parfois, l’échec c’est de ne rien tenter du tout.

Les contraintes financières

C’est vrai que beaucoup de métiers à impact payent moins bien au départ. 28% des personnes évoquent des craintes financières. Mais il faut peser le pour et le contre : quelle est la valeur de votre épanouissement ? De votre santé mentale ? Certains dispositifs comme les formations du Forem sont rémunérées et permettent de se former tout en gardant un revenu.

Le regard des autres

Votre famille, vos amis, vos collègues… Tout le monde aura un avis sur votre reconversion. Certains vont vous soutenir, d’autres vont vous dire que vous êtes fou de quitter un « bon poste ». Rappelez-vous que c’est votre vie, pas la leur. Et souvent, ceux qui critiquent sont ceux qui n’ont jamais osé faire le pas eux-mêmes.


Stratégies concrètes pour retrouver du sens

Option 1 : Donner du sens à votre job actuel

Parfois, changer de perspective peut suffire. Essayez de clarifier avec votre équipe la finalité réelle de votre travail. Une équipe du New York Times qui vendait de l’espace publicitaire a redéfini sa mission comme « préserver les emplois de nos collègues » plutôt que simplement « vendre de la pub ». Ce changement de perspective a complètement transformé leur motivation.

Option 2 : Changer d’employeur pour plus de sens

Vous pouvez garder votre métier mais rejoindre une structure plus alignée avec vos valeurs. Regardez du côté des entreprises B-Corp, des ASBL, de l’économie sociale et solidaire. En Wallonie, la fédération Canopea regroupe de nombreuses organisations environnementales qui recrutent des profils variés : comptables, communicants, gestionnaires de projet…

Option 3 : Réussir ta reconversion vers un métier engagé

C’est l’option la plus radicale mais aussi la plus transformatrice. En 2022, 35,8% des actifs occupés ont entrepris une transition professionnelle. Vous êtes loin d’être seul. La clé, c’est de bien vous préparer : faire un bilan de compétences, vous former, construire un réseau dans votre nouveau secteur.

Témoignages : ils ont quitté leur bullshit job

De cadre intermédiaire à éducateur spécialisé

« Je passais mes journées en réunions pour organiser d’autres réunions. Un jour, je me suis dit : à 50 ans, je veux vraiment avoir ça comme bilan de ma vie ? J’ai suivi une formation accélérée d’éducateur. Aujourd’hui, je gagne moins, c’est vrai. Mais je vois l’impact direct de mon travail sur les jeunes que j’accompagne. Ça change tout. »

D’assistante administrative à conseillère en économie circulaire

« Mon ancien boulot ? Faire des PowerPoint que personne ne lisait. J’ai découvert l’économie circulaire et ça m’a passionnée. J’ai suivi une formation via le Forem, j’ai fait un stage dans une ASBL environnementale, et maintenant je conseille des entreprises pour réduire leurs déchets. Chaque projet a un sens concret. »

De consultant en management à formateur en transition écologique

« Je vendais du vent aux entreprises avec des méthodes de management à la mode qui changeaient tous les deux ans. J’avais l’impression d’être un charlatan. Aujourd’hui, je forme les professionnels aux enjeux climatiques. C’est concret, c’est utile, ça change vraiment les pratiques. »


Les ressources pour t’accompagner en Wallonie

Les services d’orientation professionnelle

Un accompagnement personnalisé fait toute la différence. Chez Trajektoire, nous proposons des bilans d’orientation complets qui vous aident à clarifier vos valeurs, identifier vos compétences et explorer les métiers qui vous correspondent. Nous utilisons des tests psychométriques validés (OCEAN, RIASEC, Schwartz) pour vous aider à mieux vous connaître et à faire les bons choix.

Les plateformes d’emploi à impact

Plusieurs plateformes se spécialisent dans les offres d’emploi porteuses de sens en Belgique. Jobs that Make Sense propose plus de 10 000 offres dans l’impact social et environnemental. Le Réseau IDée regroupe les opportunités dans l’éducation à l’environnement. MonASBL centralise les postes dans le secteur associatif. Consulte aussi le site écoconso qui recense les ressources pour trouver un emploi dans l’environnement.

Les formations et reconversions

Le Forem reste votre meilleur allié pour une reconversion. Avec 377 formations disponibles et des dispositifs comme les « Coups de poing pénurie », vous pouvez vous former rapidement à un nouveau métier tout en étant rémunéré. Les secteurs de la construction, de la santé et de l’environnement offrent particulièrement de nombreuses opportunités.

FAQ : Vos questions sur les bullshit jobs

Comment savoir si je suis dans un bullshit job ?

Posez-vous cette question : si votre poste disparaissait demain, est-ce que cela changerait vraiment quelque chose pour quelqu’un ? Si votre réponse est non, ou si vous vous sentez profondément inutile malgré vos efforts, vous êtes probablement dans un bullshit job. Autre signe : vous passez plus de temps à justifier votre existence qu’à faire du travail utile.

Est-ce que tous les métiers administratifs sont des bullshit jobs ?

Non, pas du tout ! Beaucoup de tâches administratives sont essentielles au bon fonctionnement d’une organisation. Le problème, c’est quand la bureaucratie devient une fin en soi, quand on crée des formulaires juste pour créer des formulaires. Un comptable qui assure la transparence financière d’une ASBL fait un travail utile. Un employé qui remplit des rapports que personne ne lira jamais, moins.

Combien de temps faut-il pour une reconversion réussie ?

Cela dépend vraiment de votre projet. Une reconversion peut prendre de six mois à deux ans en moyenne. Les formations courtes du Forem durent quelques mois, tandis qu’une reprise d’études complète peut demander plusieurs années. L’important, c’est de bien préparer votre projet et de vous faire accompagner. Les statistiques montrent que 59% des personnes occupent un poste en lien avec leur nouvelle qualification six mois après leur formation.

Les métiers à impact payent-ils moins bien ?

C’est une idée reçue. Certains métiers à impact sont très bien rémunérés : ingénieur en énergies renouvelables, responsable RSE dans une grande entreprise, analyste Data ESG. D’autres, notamment dans le secteur associatif, peuvent effectivement offrir des salaires plus modestes. Mais beaucoup de personnes qui ont fait le pas témoignent que la satisfaction au travail compense largement la différence de salaire.

Comment convaincre mon entourage que ma reconversion est une bonne idée ?

Commencez par être convaincu vous-même. Construisez un projet solide, avec un plan financier réaliste. Montrez que vous vous êtes bien renseigné sur les opportunités d’emploi dans votre nouveau secteur. Expliquez calmement pourquoi c’est important pour vous, pour votre santé mentale, pour votre épanouissement. Et acceptez que certaines personnes ne comprennent pas : c’est votre vie, pas la leur. L’important, c’est d’avoir le soutien des personnes qui comptent vraiment pour vous.


Conclusion : Oser le changement

Si vous êtes arrivé jusqu’ici, c’est que vous vous posez vraiment des questions sur votre boulot actuel. Et c’est déjà un premier pas énorme. Reconnaître qu’on est dans un bullshit job, c’est difficile. Ça demande du courage. Mais continuer à s’enfoncer dans un travail qui nous vide de notre énergie et de notre sens, c’est encore plus dur sur le long terme.

La bonne nouvelle, c’est que vous avez des options. Vous pouvez donner du sens à votre job actuel en clarifiant la finalité de votre travail. Vous pouvez changer d’employeur pour une structure plus alignée avec vos valeurs. Ou vous pouvez carrément vous reconvertir vers un métier qui a de l’impact.

En Wallonie, les opportunités existent. Avec 162 métiers en pénurie, des dispositifs de formation accessibles, et une prise de conscience croissante de l’importance des métiers à impact, le moment est peut-être venu de franchir le pas. Tu passes en moyenne 35 ans de ta vie au travail. C’est énorme. Ça vaut le coup de se battre pour que ces années aient du sens.

Alors, prêt à quitter votre bullshit job et à retrouver du sens au travail ? Le premier pas, c’est de mieux vous connaître, d’identifier ce qui compte vraiment pour vous. Et pour cela, nous pouvons vous aider.

Retour en haut