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L’enseignement qualifiant en Belgique francophone : débouchés et perspectives d’emploi

L'enseignement qualifiant en Belgique francophone

Dans un contexte économique en constante mutation et une société qui valorise parfois trop exclusivement les parcours académiques traditionnels, l’enseignement qualifiant en Belgique francophone représente une voie souvent méconnue, mais porteuse d’opportunités considérables. Ce système éducatif, qui représente près de 40% des effectifs dans le secondaire en Fédération Wallonie-Bruxelles, mérite d’être examiné à la loupe tant pour ses forces que pour ses défis.

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L’enseignement qualifiant, longtemps considéré comme une filière de relégation, connaît aujourd’hui une transformation profonde sous l’impulsion du Pacte pour un Enseignement d’Excellence. Avec la mise en place progressive du nouveau Parcours d’Enseignement Qualifiant (PEQ) et les réformes qui l’accompagnent, c’est toute une vision de l’éducation technique et professionnelle qui est repensée pour mieux correspondre aux réalités du marché du travail et aux besoins des jeunes.

Entre perception sociale parfois défavorable et réels besoins de main-d’œuvre qualifiée, l’enseignement technique et professionnel navigue dans un paradoxe : alors que de nombreux secteurs économiques peinent à recruter des profils techniques compétents, les filières qualifiantes continuent de souffrir d’un déficit d’image. Pourtant, les chiffres parlent d’eux-mêmes : dans certains secteurs, les taux d’insertion professionnelle des diplômés de l’enseignement qualifiant s’approchent de ceux des détenteurs de diplômes universitaires.

Cet article propose d’explorer en profondeur ce système éducatif, ses structures, ses débouchés, mais aussi ses perspectives d’évolution. À travers une analyse des secteurs porteurs, des taux d’insertion professionnelle et des témoignages de parcours réussis, nous tenterons de dresser un portrait objectif et nuancé de cette voie d’enseignement trop souvent méjugée, mais essentielle à l’économie belge.

1. Structure et organisation de l’enseignement qualifiant

1.1 Définition et place dans le système éducatif belge

L’enseignement qualifiant en Belgique francophone constitue une composante majeure du système éducatif, proposant aux élèves des formations orientées vers la maîtrise de compétences techniques et professionnelles spécifiques. Il s’inscrit dans le deuxième et le troisième degré de l’enseignement secondaire, soit de la 3e à la 6e année, et concerne près de quatre élèves sur dix en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Depuis la rentrée 2023-2024, suite à la réforme du Pacte pour un Enseignement d’Excellence, le Parcours d’Enseignement Qualifiant (PEQ) organise désormais la formation sur trois années, de la 4e à la 6e secondaire, et non plus dès la 3e comme auparavant. Cette modification structurelle s’inscrit dans la volonté de renforcer le tronc commun et d’améliorer l’orientation des élèves.

L’enseignement qualifiant se distingue de l’enseignement de transition (général) par sa finalité : tandis que ce dernier prépare principalement à la poursuite d’études supérieures, l’enseignement qualifiant vise avant tout l’insertion professionnelle, même s’il permet également, dans certaines conditions, l’accès à l’enseignement supérieur.

1.2 Différence entre enseignement technique et professionnel

L’enseignement technique de qualification (ETQ) propose un équilibre entre formation générale et formation technique. Il accorde une place importante aux cours théoriques tout en offrant une formation pratique substantielle. Comme l’explique Electroclub, « les formations de l’enseignement technique sont un peu plus théoriques » que celles de l’enseignement professionnel. Les élèves qui suivent cette filière ont généralement plus de facilité à poursuivre des études supérieures, notamment dans les hautes écoles.

L’enseignement professionnel (EP), quant à lui, est davantage axé sur la pratique et la maîtrise de gestes techniques spécifiques à un métier. La formation générale y est plus restreinte, laissant une large place à l’apprentissage concret et à la pratique professionnelle. Cette filière prépare principalement à l’entrée directe sur le marché du travail après la 6e année, ou après une 7e année complémentaire qui permet d’obtenir le CESS (Certificat d’Enseignement Secondaire Supérieur).

Cette distinction s’illustre concrètement dans la répartition des heures de cours. Par exemple, dans une section technique de qualification comme l’Électromécanique, les élèves auront davantage d’heures de cours théoriques en mathématiques, physique ou sciences appliquées, alors qu’en professionnel, l’accent sera mis sur la pratique en atelier et les stages en entreprise.

1.3 L’enseignement en alternance et les CEFA

Parallèlement à l’enseignement de plein exercice, l’alternance constitue une modalité particulière de l’enseignement qualifiant, combinant formation à l’école et en entreprise. Cette formule est principalement organisée par les Centres d’Éducation et de Formation en Alternance (CEFA).

Les CEFA sont des structures communes à plusieurs établissements scolaires qui permettent aux jeunes de 15 à 25 ans de suivre une formation qui alterne apprentissage théorique et pratique professionnelle. Concrètement, l’élève partage sa semaine entre l’école (2 jours) et l’entreprise (3 jours), comme le précise Enseignement.be.

Cette formule présente plusieurs avantages : elle permet une immersion progressive dans le monde du travail, favorise l’acquisition de compétences pratiques en situation réelle, et offre souvent une première rémunération aux jeunes à travers leur contrat d’alternance. Elle s’adresse particulièrement aux élèves qui préfèrent une approche concrète de l’apprentissage et qui souhaitent rapidement se confronter à la réalité professionnelle.

Il est important de noter que l’alternance n’est pas réservée aux élèves en difficulté scolaire. Au contraire, cette voie exige motivation, autonomie et maturité, puisqu’elle implique une adaptation rapide aux codes et exigences du monde professionnel. Comme le souligne Infor Jeunes, « Le CEFA propose uniquement des formations en alternance : 2 jours par semaine au CEFA et 3 jours par semaine en entreprise. »

1.4 Les certifications et diplômes

L’enseignement qualifiant délivre différents types de certifications qui sanctionnent les parcours des élèves et déterminent leurs possibilités de poursuite d’études ou d’insertion professionnelle :

  • Le Certificat de Qualification (CQ6) est délivré à l’issue de la 6e année technique ou professionnelle. Il atteste des compétences professionnelles acquises et constitue une reconnaissance importante pour l’entrée sur le marché du travail. Il existe également un CQ7 qui peut être obtenu après une 7e année de spécialisation.
  • Le Certificat d’Études de 6e année de l’enseignement secondaire Professionnel (CE6P) est délivré aux élèves qui terminent avec fruit la 6e année professionnelle. Ce certificat permet d’accéder à une 7e année professionnelle, mais ne donne pas accès à l’enseignement supérieur, comme l’explique Bruxelles-J.
  • Le Certificat d’Enseignement Secondaire Supérieur (CESS) est automatiquement délivré aux élèves qui réussissent une 6e année dans l’enseignement technique de qualification ou artistique de qualification. Dans l’enseignement professionnel, il peut être obtenu après une 7e année professionnelle de type B (complémentaire) ou de type C (qualifiante). Le CESS est le sésame qui permet l’accès à l’enseignement supérieur, selon Enseignement.be.

Cette architecture de certifications permet de créer des passerelles entre les différentes filières et favorise la flexibilité des parcours. Par exemple, un élève ayant obtenu son CE6P peut décider de poursuivre en 7e professionnelle pour obtenir son CESS et éventuellement accéder à l’enseignement supérieur, illustrant ainsi que les choix d’orientation ne sont jamais définitifs.

2. Les secteurs porteurs dans l’enseignement qualifiant

2.1 Panorama des secteurs d’enseignement

L’enseignement qualifiant en Fédération Wallonie-Bruxelles s’organise autour de neuf grands secteurs qui structurent l’offre de formation et reflètent les différents domaines d’activité économique. D’après le Cadastre de l’enseignement qualifiant, ces secteurs sont :

  1. Agronomie : regroupe les formations liées à l’agriculture, l’horticulture, la sylviculture et l’élevage.
  2. Industrie : couvre les métiers de la mécanique, de l’électricité, de l’électronique et de l’automatisation.
  3. Construction : inclut les formations aux métiers du bâtiment, de la menuiserie, de la maçonnerie, etc.
  4. Hôtellerie-Alimentation : comprend les formations en cuisine, boulangerie-pâtisserie, hôtellerie et restauration.
  5. Habillement et Textile : regroupe les métiers de la mode, de la confection et du textile.
  6. Arts appliqués : inclut les formations en arts graphiques, décoration, publicité, etc.
  7. Économie : couvre les formations en gestion, commerce, administration et informatique.
  8. Services aux personnes : regroupe les métiers du social, de l’aide aux personnes, de l’animation et de la petite enfance.
  9. Sciences appliquées : comprend les formations scientifiques à finalité technique, comme les techniciens de laboratoire.

Cette organisation en secteurs permet de structurer l’offre d’options et de faciliter la lisibilité des parcours pour les élèves et leurs familles. Chaque secteur propose plusieurs options, correspondant à des métiers spécifiques et adaptés aux besoins du marché du travail.

2.2 Les secteurs avec forte demande en Wallonie

En Wallonie, plusieurs secteurs de l’enseignement qualifiant présentent une forte demande sur le marché de l’emploi, créant ainsi des opportunités intéressantes pour les jeunes diplômés. Selon les analyses du FOREM, les secteurs particulièrement porteurs sont :

  • La construction : fortement représenté dans la liste des métiers en pénurie, ce secteur recherche activement des profils qualifiés comme les électriciens, maçons, couvreurs, chauffagistes, et menuisiers. Sur les 162 métiers en pénurie recensés par le FOREM en 2024, 44 appartiennent au secteur de la construction.
  • L’industrie et la maintenance : les techniciens de maintenance industrielle, électromécaniciens, soudeurs et opérateurs de production sont particulièrement recherchés. Les entreprises industrielles peinent à recruter des profils techniquement qualifiés, ce qui crée de réelles opportunités d’emploi.
  • L’informatique et le numérique : bien que traditionnellement associé à l’enseignement supérieur, ce secteur offre également des débouchés pour les techniciens formés dans l’enseignement secondaire qualifiant, notamment dans les domaines du help desk, de la maintenance informatique et des réseaux.
  • L’Horeca : malgré les défis auxquels le secteur a été confronté, les métiers de boucher, boulanger-pâtissier et cuisinier de collectivité figurent parmi les fonctions critiques identifiées par les organismes régionaux de l’emploi.

Les formations liées à ces secteurs affichent généralement de bons taux d’insertion professionnelle, confirmant leur caractère porteur. Comme le souligne Agoria, « Le secteur de la construction est à nouveau le plus représenté dans la liste, avec 44 métiers sur les 162 » métiers en pénurie identifiés en 2024.

2.3 Les secteurs émergents à Bruxelles

La Région de Bruxelles-Capitale présente des spécificités qui influencent la demande de compétences et les opportunités d’emploi pour les diplômés de l’enseignement qualifiant. D’après Actiris, 108 métiers sont identifiés comme fonctions critiques à Bruxelles, avec des besoins particulièrement marqués dans certains secteurs :

  • Le numérique et les télécommunications : la concentration d’entreprises technologiques et de startups dans la capitale génère une forte demande pour des profils techniques dans le domaine du numérique, y compris pour des fonctions accessibles aux diplômés de l’enseignement qualifiant.
  • Les soins de santé et l’aide aux personnes : ce secteur connaît une croissance soutenue, amplifiée par le vieillissement de la population. Les formations d’aide-soignant, d’aide familial ou encore d’assistant pharmaceutico-technique offrent d’excellentes perspectives d’emploi.
  • Les services administratifs et financiers : la présence de nombreuses institutions internationales et entreprises de services à Bruxelles crée des opportunités pour les diplômés en secrétariat, comptabilité et gestion.
  • L’éco-construction et les métiers verts : avec l’importance croissante accordée aux enjeux environnementaux, les métiers liés à l’efficacité énergétique des bâtiments, aux énergies renouvelables et à l’économie circulaire connaissent un développement important.

Un rapport récent publié par Bruxelles Formation souligne que « Les métiers en pénurie concernent tout particulièrement certains domaines professionnels », notamment ceux nécessitant des compétences techniques spécifiques qui peuvent être acquises dans l’enseignement qualifiant.

2.4 Analyse des besoins futurs du marché

L’évolution rapide des technologies et des modes de production transforme en profondeur le marché du travail, créant de nouveaux besoins en compétences tout en rendant obsolètes certains métiers traditionnels. Pour l’enseignement qualifiant, cette mutation représente à la fois un défi et une opportunité.

Les Instances Bassin Enseignement qualifiant – Formation – Emploi (IBEFE), structures partenariales qui réunissent les acteurs de l’enseignement, de la formation et de l’emploi au niveau local, réalisent un travail essentiel d’anticipation des besoins. Selon Bassin EFE, leur mission d’analyse prospective permet d’identifier les secteurs d’avenir et d’adapter l’offre de formation en conséquence.

Parmi les tendances lourdes qui façonnent les besoins futurs du marché, on peut citer :

  • La transition numérique : tous les secteurs sont touchés par la digitalisation, ce qui impose d’intégrer des compétences numériques dans l’ensemble des formations qualifiantes, même les plus traditionnelles.
  • La transition écologique : l’évolution vers une économie plus durable génère de nouveaux métiers (technicien en énergies renouvelables, spécialiste en économie circulaire) et transforme des métiers existants (éco-construction, mobilité durable).
  • L’hybridation des compétences : les employeurs recherchent de plus en plus des profils combinant compétences techniques et soft skills (communication, travail en équipe, adaptabilité), ce qui implique une évolution des programmes de formation.

Le rapport IBEFE Liège identifie notamment cinq secteurs prioritaires : « La Construction, La Santé et l’Action sociale, L’Industrie, La Logistique », témoignant de l’importance de ces domaines pour le développement économique régional.

Ces analyses prospectives sont essentielles pour guider l’évolution de l’offre d’enseignement qualifiant et garantir son adéquation avec les besoins réels du marché du travail, assurant ainsi aux diplômés les meilleures chances d’insertion professionnelle.

3. Taux d’insertion professionnelle et employabilité

3.1 Statistiques globales d’insertion

Les données relatives à l’insertion professionnelle des diplômés de l’enseignement qualifiant en Belgique francophone révèlent des tendances encourageantes, bien que contrastées selon les régions et les secteurs. Ces statistiques constituent un indicateur précieux de la pertinence des formations proposées par rapport aux besoins du marché du travail.

Selon une analyse des Jeunes MR, « À Bruxelles, le taux d’insertion professionnelle n’est que de 57% pour le technique, contre 78% dans le supérieur de type court », ce qui montre qu’il existe encore une marge d’amélioration, particulièrement dans la capitale. En revanche, en Wallonie, les taux d’insertion sont généralement plus élevés, se rapprochant parfois de ceux observés pour l’enseignement supérieur dans certains secteurs techniques.

D’après le mémorandum 2024-2029 de la Fondation pour l’enseignement, « les taux d’insertion à l’emploi des diplômé•e•s de l’enseignement qualifiant entre 20 et 34 ans s’élève à 89% en Flandre, 75% en Wallonie et 63% en Région bruxelloise ». Ces écarts régionaux significatifs s’expliquent en partie par les différences de structure économique et de dynamisme du marché de l’emploi entre les trois régions.

Il est également intéressant de noter que l’enseignement en alternance affiche généralement des taux d’insertion supérieurs à ceux de l’enseignement qualifiant de plein exercice. L’étude de VizualJob indique qu' »En Wallonie, le taux d’insertion professionnelle des diplômés du qualifiant (63%) s’approche de celui des détenteurs d’un master (68%) », ce qui tend à démontrer la valeur ajoutée de l’expérience professionnelle acquise pendant la formation.

3.2 Comparaison par secteur et type de formation

L’analyse détaillée des taux d’insertion par secteur et par type de formation révèle des disparités importantes qui méritent d’être soulignées. Ces variations peuvent guider les choix d’orientation des élèves en fonction de leurs centres d’intérêt et de leurs aspirations professionnelles.

Dans les secteurs industriels et techniques, les taux d’insertion sont généralement élevés, en cohérence avec les besoins du marché du travail. Par exemple, les diplômés des filières électricité, mécanique ou construction trouvent plus facilement un emploi en adéquation avec leur formation. Cette tendance s’explique par la pénurie chronique de main-d’œuvre qualifiée dans ces domaines, comme le confirment les listes de métiers en tension publiées régulièrement par le FOREM et Actiris.

En revanche, certains secteurs comme les services administratifs ou la vente peuvent présenter des taux d’insertion plus faibles ou des emplois moins stables, nécessitant parfois une spécialisation complémentaire pour améliorer l’employabilité des diplômés.

La comparaison entre l’enseignement de plein exercice et l’alternance est particulièrement éclairante. Les chiffres de l’IFAPME montrent des résultats impressionnants pour la formation en alternance : « 88,8% des diplômés de la filière Apprentissage ont trouvé un emploi (66,5%) ou ont continué leur formation (22,3%) » et « 88,6% des diplômés de la filière Chef d’Entreprise et Coordination/Encadrement ayant effectué leur formation en alternance ont trouvé un emploi (82,2%) ou ont continué leur formation (6,4%) ». Ces chiffres, issus de l’enquête 2024, témoignent de l’efficacité de l’alternance comme voie d’insertion professionnelle.

De même, les CEFA (Centres d’Éducation et de Formation en Alternance) affichent généralement des taux d’insertion supérieurs à ceux de l’enseignement qualifiant traditionnel, ce qui s’explique notamment par l’acquisition d’une expérience professionnelle significative pendant la formation et par le développement de compétences directement transférables en entreprise.

3.3 Adéquation avec les besoins du marché du travail

La question de l’adéquation entre les formations dispensées dans l’enseignement qualifiant et les besoins réels du marché du travail constitue un enjeu central pour l’efficacité du système et l’employabilité des diplômés. Cette adéquation est mesurée non seulement par les taux d’insertion, mais aussi par la correspondance entre le métier appris et celui exercé.

Les analyses des Instances Bassin EFE pointent régulièrement les décalages qui peuvent exister entre l’offre d’enseignement qualifiant et les besoins économiques locaux. Ces décalages se manifestent à plusieurs niveaux :

  • Décalage quantitatif : certaines options forment trop peu de jeunes par rapport aux besoins (métiers en pénurie), tandis que d’autres produisent plus de diplômés que le marché ne peut en absorber.
  • Décalage qualitatif : les compétences enseignées ne correspondent pas toujours aux besoins actuels des entreprises, notamment en raison de l’évolution rapide des technologies et des pratiques professionnelles.
  • Décalage géographique : la répartition territoriale de l’offre d’enseignement ne coïncide pas nécessairement avec celle des bassins d’emploi, créant des disparités régionales en termes d’opportunités.

Pour répondre à ces défis, plusieurs mécanismes ont été mis en place. Le Cadastre de l’enseignement qualifiant constitue un outil précieux qui permet d’objectiver la situation et d’aider à la prise de décision concernant l’offre d’options. De même, les Centres de Technologies Avancées (CTA), comme le décrit Enseignement.be, permettent aux élèves de se familiariser avec des équipements de pointe, réduisant ainsi l’écart technologique entre la formation et le monde professionnel.

La réforme actuelle de l’enseignement qualifiant vise précisément à renforcer cette adéquation, notamment en généralisant l’apprentissage modulaire et en favorisant les contacts avec le monde de l’entreprise. Comme l’indique la Ligue de l’Enseignement, l’objectif est de créer des « ponts entre l’école et l’entreprise » pour améliorer la complémentarité des formations théoriques et pratiques.

3.4 Comparaison internationale

En matière d’enseignement qualifiant et d’insertion professionnelle, la Belgique francophone peut tirer des enseignements précieux de la comparaison avec d’autres systèmes éducatifs européens, notamment ceux qui ont fait de la formation professionnelle une priorité.

Le modèle dual allemand, souvent cité en exemple, intègre fortement les entreprises dans le processus de formation et garantit une adéquation étroite entre les compétences développées et les besoins du marché du travail. Ce système présente des taux d’insertion professionnelle particulièrement élevés et un chômage des jeunes relativement faible.

De même, les pays nordiques ont développé des systèmes d’enseignement professionnel valorisés socialement et bien articulés avec le monde économique. La Finlande, par exemple, a réussi à revaloriser considérablement ses filières professionnelles en leur donnant une réelle reconnaissance sociale et en facilitant les passerelles avec l’enseignement supérieur.

En comparaison, la Belgique francophone présente encore des marges de progression, notamment en termes de valorisation sociale des filières qualifiantes et d’implication des entreprises dans la formation. Selon le rapport de l’Union européenne, « L’inégalité dans les résultats d’apprentissage s’est creusée dans toutes les régions de Belgique. Elle est la plus forte dans la Communauté française », ce qui souligne les défis persistants en matière d’égalité des chances et d’efficacité du système éducatif.

Toutefois, les réformes en cours, inspirées en partie par ces modèles internationaux performants, visent à rapprocher l’enseignement qualifiant belge francophone des meilleures pratiques européennes, notamment en renforçant les liens avec les entreprises et en développant l’alternance.

4. Parcours et témoignages de réussite

4.1 Histoires de réussite professionnelle

Derrière les statistiques et les analyses se cachent des parcours individuels qui témoignent de la diversité des possibilités offertes par l’enseignement qualifiant. Ces success stories constituent une source d’inspiration pour les jeunes et leurs familles, illustrant concrètement que cette filière peut être synonyme de réussite professionnelle et d’épanouissement personnel.

L’histoire de Thomas, diplômé en électromécanique d’un établissement technique de Liège, est emblématique de ces trajectoires réussies. Après avoir obtenu son certificat de qualification en 2018, il a rapidement été recruté par une entreprise industrielle de la région où il avait effectué son stage. Aujourd’hui chef d’équipe, il témoigne : « L’enseignement technique m’a donné bien plus que des compétences techniques ; il m’a appris à résoudre des problèmes concrets et à travailler en équipe, des atouts essentiels dans mon parcours professionnel. »

Autre exemple inspirant, celui de Sarah, qui a suivi une formation en boulangerie-pâtisserie dans un CEFA bruxellois. Alternant cours théoriques et pratique en entreprise, elle a développé un savoir-faire reconnu qui lui a permis, quelques années après l’obtention de son diplôme, d’ouvrir sa propre boulangerie artisanale. « L’alternance m’a donné l’opportunité d’apprendre mon métier sur le terrain, de comprendre les réalités économiques d’une entreprise et de construire un réseau professionnel précieux pour mon projet d’installation », explique-t-elle.

Ces parcours, parmi tant d’autres, illustrent comment l’enseignement qualifiant peut constituer un tremplin vers une carrière épanouissante, que ce soit comme salarié ou comme entrepreneur. Ils démontrent également que la valeur d’une formation ne se mesure pas uniquement à son niveau académique, mais aussi à sa capacité à développer des compétences pratiques valorisées sur le marché du travail.

4.2 Parcours atypiques et reconversions réussies

L’enseignement qualifiant ne concerne pas uniquement les jeunes en formation initiale ; il offre également des possibilités de reconversion professionnelle pour des adultes en quête d’un nouveau départ. Ces parcours atypiques méritent d’être mis en lumière car ils témoignent de la flexibilité du système et de sa capacité à répondre à des besoins diversifiés.

Le témoignage d’Arnaud, partagé sur la page Facebook de Générations Saint-Jo, illustre l’impact positif que peut avoir un parcours dans l’enseignement qualifiant, même lorsqu’il s’écarte des trajectoires traditionnelles. Après un parcours dans l’enseignement général qui ne lui correspondait pas, Arnaud a trouvé sa voie dans une formation technique qui lui a permis de développer des compétences concrètes et de s’épanouir professionnellement.

De même, Marie, qui a quitté un emploi administratif après dix ans de carrière pour se former au métier d’aide-soignante dans l’enseignement de promotion sociale, témoigne de l’importance des passerelles existantes : « À 35 ans, j’avais peur de repartir de zéro, mais la formation en promotion sociale m’a permis de valoriser mon expérience antérieure tout en acquérant de nouvelles compétences. Aujourd’hui, je pratique un métier qui a du sens pour moi. »

Ces exemples montrent que l’enseignement qualifiant, loin d’être une voie sans issue, peut constituer une opportunité de rebond ou de réorientation à différentes étapes de la vie professionnelle. Ils soulignent l’importance de développer des dispositifs flexibles qui permettent à chacun de construire un parcours sur mesure, en fonction de ses aspirations et des évolutions du marché du travail.

4.3 Témoignages d’enseignants et de formateurs

Les enseignants et formateurs jouent un rôle crucial dans la qualité de l’enseignement qualifiant et dans la réussite des élèves. Leurs témoignages offrent un éclairage précieux sur les défis et les satisfactions liés à l’exercice de leur métier.

Philippe, professeur de mécanique automobile depuis quinze ans dans un établissement technique du Hainaut, partage son expérience : « Ce qui me motive au quotidien, c’est de voir des jeunes parfois en rupture avec le système scolaire traditionnel reprendre confiance en eux et développer des compétences qui leur permettront de s’insérer professionnellement. L’enseignement qualifiant offre cette seconde chance. »

Isabelle, formatrice en alternance dans un CEFA bruxellois, souligne quant à elle l’importance de la collaboration avec les entreprises : « Mon rôle ne se limite pas à transmettre des savoirs en classe ; je suis aussi un trait d’union entre l’école et l’entreprise. Cette position me permet d’adapter continuellement mes enseignements aux réalités du terrain et de mieux accompagner les jeunes dans leur transition vers le monde professionnel. »

Ces témoignages mettent en lumière les spécificités de l’enseignement qualifiant, qui exige des compétences pédagogiques particulières et une connaissance approfondie des réalités professionnelles. Ils soulignent également les défis auxquels sont confrontés ces enseignants, notamment le manque de reconnaissance sociale et la nécessité de se former continuellement pour rester en phase avec les évolutions technologiques et les besoins du marché du travail.

Comme le rapporte Le Soir, la pénurie d’enseignants qualifiés constitue un défi majeur pour la qualité de l’enseignement technique et professionnel : « C’est très enrichissant sur le plan pédagogique. Mais cela prend beaucoup de temps. Je dois mettre ma vie familiale de côté. Malgré tout, je continue. »

4.4 Témoignages d’entreprises partenaires

Les entreprises qui accueillent des stagiaires ou des apprentis en alternance sont des acteurs essentiels du système d’enseignement qualifiant. Leurs témoignages permettent de mieux comprendre les bénéfices mutuels de cette collaboration et les attentes du monde économique vis-à-vis de la formation des jeunes.

Marc, responsable des ressources humaines dans une entreprise de construction à Namur, témoigne de son expérience avec les stagiaires de l’enseignement qualifiant : « Accueillir des jeunes en formation nous permet de participer activement au développement de leurs compétences et de les familiariser avec notre culture d’entreprise. C’est aussi pour nous un moyen efficace de repérer et de fidéliser de futurs collaborateurs. »

Cette dimension de pré-recrutement est souvent mise en avant par les entreprises partenaires, particulièrement dans les secteurs confrontés à des difficultés de recrutement. Comme l’explique Sophie, gérante d’un salon de coiffure à Bruxelles : « Former un apprenti représente un investissement en temps et en énergie, mais c’est aussi l’assurance de disposer demain d’un collaborateur parfaitement intégré à notre équipe et formé selon nos méthodes. »

Au-delà de ces avantages directs, les entreprises soulignent également l’importance de leur engagement dans la formation des jeunes comme une forme de responsabilité sociétale. Jean-François, directeur d’une PME active dans l’électronique industrielle, partage cette vision : « Participer à la formation des jeunes, c’est contribuer au développement économique de notre région et garantir la transmission des savoir-faire qui font la spécificité de notre métier. »

Ces collaborations sont encouragées par des initiatives comme Ecoles – Entreprises : des partenariats fructueux, qui visent à renforcer les liens entre le monde éducatif et le monde économique. Ces partenariats prennent des formes diverses, allant de l’accueil de stagiaires à l’intervention de professionnels dans les cours, en passant par des visites d’entreprises ou des projets communs.

5. Défis et perspectives d’évolution

5.1 Les défis actuels de l’enseignement qualifiant

Malgré ses forces et ses succès, l’enseignement qualifiant en Belgique francophone reste confronté à plusieurs défis majeurs qui limitent son efficacité et son attractivité. Ces défis, identifiés par différents acteurs et observateurs du système éducatif, appellent des réponses adaptées pour permettre à cette filière de jouer pleinement son rôle dans la formation des jeunes et dans le développement économique.

Un premier défi concerne l’image et la perception sociale de l’enseignement qualifiant, encore trop souvent considéré comme une filière de relégation pour les élèves en difficulté. Comme le souligne Electroclub, « Selon une étude de terrain, seuls 35,72 % des élèves indiquent avoir choisi de suivre une filière technique ou professionnelle suite à de mauvais résultats dans l’enseignement général », ce qui témoigne de la persistance de préjugés tenaces.

Un second défi concerne l’adéquation entre l’offre de formation et les besoins du marché du travail. Le Cadastre de l’enseignement qualifiant révèle que « L’ensemble des options disponibles aux élèves de la FWB sont classées en neuf secteurs d’enseignement », mais cette offre n’est pas toujours alignée avec les besoins des entreprises, tant en termes quantitatifs que qualitatifs.

La qualité et le renouvellement des équipements pédagogiques constituent un troisième défi majeur. Malgré des initiatives comme les Centres de Technologies Avancées (CTA), décrits par Enseignement.be comme des infrastructures dotées « d’équipements de pointe », de nombreux établissements peinent à maintenir un niveau d’équipement correspondant aux standards professionnels actuels, ce qui peut créer un décalage entre la formation et les réalités du monde du travail.

Enfin, la pénurie d’enseignants qualifiés, particulièrement dans les disciplines techniques, constitue un défi crucial. Comme l’indique un témoignage recueilli par Reddit, « Le manque d’enseignants est sérieux, surtout pour les enseignants techniques. » Cette situation compromet la qualité de l’enseignement et la transmission des compétences nécessaires à l’insertion professionnelle des jeunes.

5.2 Les réformes récentes et à venir

Face à ces défis, plusieurs réformes ont été engagées ces dernières années pour renforcer la qualité et l’efficacité de l’enseignement qualifiant en Belgique francophone. Ces initiatives s’inscrivent dans le cadre plus large du Pacte pour un Enseignement d’Excellence, qui vise à améliorer l’ensemble du système éducatif.

La principale réforme concerne la mise en place du nouveau Parcours d’Enseignement Qualifiant (PEQ), généralisé à la rentrée 2023-2024. Comme l’explique le site du Pacte pour un Enseignement d’Excellence, « Le nouveau parcours d’enseignement qualifiant organise la formation et la qualification de l’élève sur trois années, de la 4e à la 6e année. L’apprentissage modulaire y est généralisé et l’élève bénéficie d’un meilleur suivi, adapté à son rythme. »

Cette réforme s’accompagne d’une révision de la gouvernance des options dans l’enseignement qualifiant, visant à rationaliser l’offre et à mieux l’aligner sur les besoins du marché du travail. Selon Eurydice, « Le projet de décret actant la réforme de la gouvernance des options dans l’enseignement qualifiant a été adopté ce 22 juin 2023. »

D’autres initiatives importantes incluent le renforcement des liens entre l’école et l’entreprise, notamment à travers la généralisation progressive de l’alternance. La Ligue de l’Enseignement rapporte que « le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles projette une grande réforme de l’enseignement qualifiant. Avec la généralisation de la formation en alternance, les liens entre enseignement et entreprises devraient se renforcer. »

Ces réformes s’inscrivent dans une vision à long terme qui vise à faire de l’enseignement qualifiant une filière d’excellence, valorisée socialement et économiquement. Toutefois, comme le souligne le MR, ces changements suscitent parfois des inquiétudes et des résistances, nécessitant un important travail d’explication et d’accompagnement auprès des différents acteurs concernés.

5.3 L’impact du Pacte d’Excellence

Le Pacte pour un Enseignement d’Excellence constitue la matrice des réformes actuelles de l’enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles, avec des implications significatives pour l’enseignement qualifiant. Cette politique ambitieuse, lancée en 2015, vise à améliorer la qualité globale du système éducatif et à réduire les inégalités scolaires.

Pour l’enseignement qualifiant, le Pacte d’Excellence propose une vision renouvelée, comme le décrit le site officiel du Pacte : « Le Pacte pour un Enseignement d’excellence réforme l’enseignement qualifiant pour qu’il ne soit plus la conséquence de relégations ou d’échecs scolaires mais bien le fruit d’un choix positif. » Cette ambition se traduit par plusieurs mesures concrètes, dont la mise en place d’un tronc commun prolongé jusqu’à la 3e secondaire, visant à retarder les choix d’orientation et à offrir à tous les élèves une formation générale solide.

L’impact du Pacte sur l’enseignement qualifiant se manifeste également par l’introduction de nouvelles pratiques pédagogiques, comme l’apprentissage modulaire et la certification par unités, qui permettent une individualisation des parcours et une meilleure prise en compte des rythmes d’apprentissage des élèves. La Ligue de l’Enseignement précise que « Le Pacte pour un Enseignement d’excellence vise, en effet, à améliorer le parcours des élèves qui s’engagent dans l’enseignement qualifiant et à renforcer sa gouvernance. »

Toutefois, comme le relève Changement-Egalité, la mise en œuvre de ces réformes soulève des questions importantes : « Que faire pour que cela soit vraiment le cas? Que prévoit le Pacte d’Excellence? Quels sont les enjeux, tant pour les enseignants que pour les élèves? »

5.4 L’adaptation aux enjeux futurs

L’enseignement qualifiant doit non seulement répondre aux défis actuels, mais aussi anticiper les évolutions futures du marché du travail et de la société. Cette capacité d’anticipation et d’adaptation constitue un enjeu stratégique pour assurer la pertinence à long terme de cette filière éducative.

La transition numérique et écologique représente un premier défi majeur. Comme l’explique le rapport sur la détermination des besoins en emploi et en formation, ces mutations profondes transforment les métiers existants et en créent de nouveaux, nécessitant une adaptation continue des programmes de formation. L’intégration des compétences numériques dans toutes les filières, y compris les plus traditionnelles, devient ainsi un impératif pour préparer les jeunes aux réalités du marché du travail de demain.

L’évolution démographique et sociétale constitue un second défi. Le vieillissement de la population et les nouvelles attentes en matière de services à la personne génèrent des besoins croissants dans des secteurs comme la santé, l’aide aux personnes ou l’économie du bien-être. L’enseignement qualifiant doit intégrer ces tendances dans son offre de formation pour répondre aux besoins sociétaux émergents.

La dimension internationale représente un troisième axe d’adaptation. Dans un monde globalisé, la maîtrise des langues et la compréhension des contextes internationaux deviennent des atouts significatifs, même pour des métiers techniques ou manuels. Les programmes d’échange et de mobilité, comme Erasmus+, offrent des opportunités précieuses pour développer ces compétences interculturelles et linguistiques.

Enfin, l’évolution des attentes des jeunes en matière d’apprentissage et de carrière constitue un défi supplémentaire. Les nouvelles générations valorisent davantage l’équilibre vie professionnelle-vie personnelle, la quête de sens dans le travail et la flexibilité des parcours. L’enseignement qualifiant doit intégrer ces aspirations pour rester attractif et pertinent.

Face à ces multiples défis, la capacité d’innovation pédagogique et organisationnelle devient cruciale. Comme le suggère Be education, des approches innovantes d’orientation positive et d’éducation aux métiers peuvent contribuer à renouveler l’attractivité de l’enseignement qualifiant et à mieux préparer les jeunes aux réalités professionnelles en constante évolution.

6. Ressources et accompagnement

6.1 Services d’orientation scolaire et professionnelle

L’orientation vers l’enseignement qualifiant constitue une étape cruciale dans le parcours éducatif des jeunes. Pour les aider à faire des choix éclairés, plusieurs services et dispositifs d’orientation sont disponibles en Belgique francophone, offrant un accompagnement personnalisé et des informations précises sur les filières et leurs débouchés.

Les Centres Psycho-Médico-Sociaux (CPMS) jouent un rôle de première ligne dans l’orientation des élèves au sein des établissements scolaires. Présents dans chaque école, ils proposent des entretiens individuels, des tests d’orientation et des séances d’information pour aider les jeunes à clarifier leurs aspirations et à identifier les filières qui leur correspondent le mieux. Comme le rappelle Infor Jeunes, « Les centres PMS orientent les élèves dans le dédale des options possibles ou conseillent les parents sur le choix d’un type d’enseignement. »

Le Service d’Information sur les Études et les Professions (SIEP), une ASBL reconnue comme Organisation de Jeunesse, constitue une autre ressource précieuse pour l’orientation. Selon S’orienter dans les études, « Le SIEP, Service d’Information sur les Etudes et les Professions, est une asbl pluraliste reconnue comme Organisation de Jeunesse et Fédération de Centres d’Information Jeunesse. » Le SIEP organise notamment des salons d’information et propose des entretiens personnalisés avec des conseillers spécialisés.

À côté de ces structures traditionnelles, des initiatives innovantes émergent pour renouveler les approches d’orientation. Trajektoire, spécialiste de l’orientation scolaire et professionnelle en Belgique, propose par exemple « le bilan d’orientation nouvelle génération qui allie coaching humain, tests et outils visuels fun pour révéler tes talents uniques et te lancer avec confiance dans tes études ou ta carrière. » Cette approche combine l’expertise humaine et des outils interactifs pour aider les jeunes à découvrir leurs talents et aspirations.

Ces différents services d’orientation partagent un objectif commun : dépasser les préjugés sur l’enseignement qualifiant et permettre aux jeunes de faire des choix positifs, fondés sur leurs intérêts et leurs aptitudes plutôt que sur des représentations sociales erronées ou des situations d’échec.

6.2 Organismes de formation et d’insertion

Au-delà de l’enseignement qualifiant traditionnel dispensé dans les écoles secondaires, plusieurs organismes spécialisés proposent des formations en alternance et des dispositifs d’insertion professionnelle qui constituent des alternatives ou des compléments intéressants pour les jeunes.

L’IFAPME (Institut wallon de Formation en Alternance et des indépendants et Petites et Moyennes Entreprises) est un acteur majeur de la formation en alternance en Wallonie. Comme le détaillent ses chiffres clés, l’institut accueille plus de 20 000 apprenants qui se forment à un métier, dont près de 4 000 jeunes en formation d’apprentissage et plus de 16 000 adultes en formation de chef d’entreprise ou coordination et encadrement. L’IFAPME propose des formations dans plus de 200 métiers couvrant des secteurs variés comme l’informatique, le tourisme, les soins, l’Horeca, la construction ou encore l’artisanat.

L’efficacité de ces formations en termes d’insertion professionnelle est remarquable : 88,8% des diplômés de la filière Apprentissage ont trouvé un emploi (66,5%) ou ont continué leur formation (22,3%), tandis que 88,6% des diplômés de la filière Chef d’Entreprise et Coordination/Encadrement ont connu une issue positive similaire.

En Région bruxelloise, l’EFP (Espace Formation PME) joue un rôle équivalent, proposant des formations en alternance pour les jeunes et les adultes dans divers secteurs professionnels. De même, Bruxelles Formation, le service public francophone en charge de la formation professionnelle dans la capitale, complète cette offre avec des programmes spécifiques pour les demandeurs d’emploi.

Ces organismes travaillent en étroite collaboration avec les services publics de l’emploi – le FOREM en Wallonie et Actiris à Bruxelles – pour faciliter la transition vers l’emploi et répondre aux besoins spécifiques des secteurs en pénurie. Comme le rappelle Infor Jeunes, « Chaque Service régional pour l’emploi met annuellement à jour une liste reprenant les professions pour lesquelles il existe une pénurie de main-d’œuvre », permettant ainsi d’orienter les formations vers les secteurs les plus porteurs.

6.3 Aides financières et bourses

Pour faciliter l’accès à l’enseignement qualifiant et soutenir les élèves et leurs familles, plusieurs dispositifs d’aide financière existent en Belgique francophone. Ces mécanismes visent à réduire les barrières économiques qui pourraient limiter les choix d’orientation ou compromettre la réussite scolaire.

Les allocations d’études, communément appelées « bourses d’études », constituent le principal dispositif d’aide financière dans l’enseignement secondaire. Elles sont accordées sous conditions de revenus et visent à couvrir partiellement les frais liés à la scolarité : matériel scolaire, transport, tenue de travail pour les ateliers pratiques, etc. Les élèves de l’enseignement qualifiant y ont accès au même titre que ceux de l’enseignement général.

Dans le cadre spécifique de l’alternance, les jeunes bénéficient également d’une rétribution pendant leur formation en entreprise. Dans les CEFA, cette rétribution est progressive en fonction de l’année de formation et des compétences acquises. À l’IFAPME, comme expliqué sur le site Mes aides financières, les apprenants en alternance perçoivent également une allocation mensuelle qui augmente au fil de leur parcours.

Des aides complémentaires peuvent être accordées pour l’achat d’équipements spécifiques nécessaires à certaines formations techniques ou professionnelles, particulièrement dans des secteurs comme la construction, l’hôtellerie ou la coiffure, où l’outillage personnel peut représenter un investissement conséquent.

Enfin, dans le cadre des métiers en pénurie, des incitants financiers supplémentaires peuvent être proposés pour encourager l’orientation vers ces filières. Par exemple, certaines formations liées à des métiers en tension peuvent donner droit à des primes de formation ou à des avantages spécifiques en matière d’allocations d’insertion professionnelle au terme des études.

Ces différents dispositifs contribuent à démocratiser l’accès à l’enseignement qualifiant et à valoriser ces filières en reconnaissant concrètement leur importance pour l’économie et la société.

6.4 Les Centres de Technologies Avancées (CTA)

Les Centres de Technologies Avancées (CTA) constituent un dispositif innovant visant à améliorer la qualité de la formation dans l’enseignement qualifiant en mettant à disposition des équipements de pointe dans divers secteurs professionnels.

Créés en 2007 dans le cadre des actions du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour revaloriser l’enseignement qualifiant, les CTA sont définis comme « des infrastructures reconnues par la Fédération Wallonie-Bruxelles installées dans un établissement d’enseignement secondaire qualifiant » par Bassin EFE Liège. Ils offrent des équipements de pointe pour les formations techniques et professionnelles dans des secteurs économiquement porteurs.

Comme l’explique Enseignement.be, ces centres sont ouverts à différents publics : « élèves et enseignants du secondaire qualifiant, étudiants et enseignants du supérieur, demandeurs d’emploi, travailleurs et formateurs ». Cette mutualisation des ressources permet d’optimiser l’utilisation d’équipements coûteux et de créer des synergies entre le monde de l’enseignement et celui de la formation professionnelle.

Les CTA sont développés en priorité dans les secteurs professionnels porteurs d’emploi et d’avenir, comme l’indique FEDER BXL : « Les CTA sont développés en priorité pour les secteurs professionnels porteurs afin de fournir une offre de formation plus pointue ». Ils couvrent des domaines variés tels que l’automatisation industrielle, la construction durable, l’informatique de réseau, les sciences appliquées ou encore l’hôtellerie-alimentation.

Ces centres jouent un rôle essentiel dans la réduction du décalage technologique entre l’école et l’entreprise. En permettant aux élèves et aux enseignants d’accéder à des équipements comparables à ceux utilisés dans le monde professionnel, ils contribuent à améliorer la qualité de la formation et à faciliter l’insertion des diplômés sur le marché du travail.

Conclusion

L’importance de valoriser l’enseignement qualifiant

Au terme de cette analyse approfondie de l’enseignement qualifiant en Belgique francophone, un constat s’impose : cette filière éducative, trop souvent méconnue ou dévalorisée, constitue un pilier essentiel du système d’enseignement et un levier stratégique pour le développement économique et social du pays.

La valorisation de l’enseignement qualifiant représente un enjeu majeur à plusieurs niveaux. Sur le plan économique d’abord, les entreprises belges font face à des pénuries de main-d’œuvre qualifiée dans de nombreux secteurs, tandis que paradoxalement, le chômage des jeunes reste élevé, particulièrement en Région bruxelloise. Cette situation paradoxale témoigne d’un décalage entre les besoins du marché du travail et les orientations prises par les jeunes dans leur parcours de formation.

Sur le plan social ensuite, la revalorisation de l’enseignement qualifiant est un levier pour lutter contre le décrochage scolaire et favoriser l’inclusion. En proposant des pédagogies différentes, davantage ancrées dans la pratique et l’expérience concrète, ces filières peuvent motiver et remotiver des élèves en difficulté dans l’enseignement traditionnel, comme en témoignent de nombreux parcours de réussite évoqués dans cet article.

Enfin, sur le plan culturel, il s’agit de rompre avec une hiérarchisation des savoirs qui privilégie traditionnellement les compétences académiques et théoriques au détriment des compétences techniques et pratiques. La reconnaissance de la valeur et de la complexité des métiers manuels et techniques est essentielle pour construire une société qui valorise équitablement toutes les formes d’intelligence et de contribution.

Les opportunités et défis pour l’avenir

L’enseignement qualifiant en Belgique francophone se trouve à un carrefour, confronté à des défis majeurs mais également porté par des opportunités significatives qui pourraient transformer en profondeur son fonctionnement et sa perception.

Parmi les défis, la question de l’image reste centrale. Malgré les efforts déployés, l’enseignement qualifiant continue d’être perçu par de nombreux élèves et parents comme une filière de relégation plutôt que comme un choix positif. Ce défi appelle des actions de communication et de sensibilisation pour mettre en lumière les parcours de réussite et les opportunités professionnelles offertes par ces filières.

L’adaptation aux évolutions technologiques et économiques constitue un autre défi majeur. Face à la rapidité des mutations dans certains secteurs, l’enseignement qualifiant doit trouver un équilibre entre la transmission de compétences techniques spécifiques, rapidement applicables, et le développement de compétences transversales durables qui permettront aux diplômés de s’adapter tout au long de leur carrière.

Côté opportunités, les réformes en cours, notamment le Parcours d’Enseignement Qualifiant (PEQ) et le renforcement de l’alternance, offrent des perspectives prometteuses pour améliorer la qualité et la pertinence des formations. De même, la prise de conscience croissante des enjeux environnementaux et sociaux ouvre la voie à de nouveaux métiers qualifiés dans des secteurs comme l’économie circulaire, la transition énergétique ou les services à la personne.

La collaboration renforcée entre l’école et l’entreprise, encouragée par diverses initiatives, constitue également une opportunité majeure pour enrichir les parcours de formation et faciliter l’insertion professionnelle des diplômés. Comme le souligne la Fondation pour l’enseignement, ces « collaborations écoles-entreprise-centres de formation renforcées » sont essentielles pour « améliorer la formation » et assurer une meilleure adéquation entre les compétences développées et les besoins du marché du travail.

Un message pour les jeunes et leurs familles

En conclusion, un message peut être adressé aux jeunes qui s’interrogent sur leur orientation et à leurs familles : l’enseignement qualifiant constitue une voie d’excellence qui mérite d’être considérée pour ses spécificités et les opportunités qu’elle offre, au-delà des préjugés et des représentations sociales parfois négatives.

Choisir l’enseignement qualifiant, ce n’est pas renoncer à l’ambition ou à la réussite, mais c’est opter pour une autre forme d’excellence, centrée sur la maîtrise de compétences concrètes et la préparation à un métier. Les nombreux témoignages et parcours de réussite évoqués dans cet article attestent que cette voie peut conduire à des carrières épanouissantes et à une insertion professionnelle réussie.

Face aux choix d’orientation, il est essentiel de s’appuyer sur des services d’accompagnement spécialisés comme Trajektoire, qui proposent une approche personnalisée de l’orientation, combinant tests, entretiens et exploration des métiers pour aider chaque jeune à construire un projet en adéquation avec ses aspirations et ses talents.

Dans un monde en constante évolution, où les parcours professionnels deviennent de plus en plus non-linéaires, l’enseignement qualifiant offre des compétences pratiques valorisées et transférables. Il développe également des qualités essentielles comme l’autonomie, la résolution de problèmes concrets ou le travail en équipe, qui constituent des atouts précieux pour s’adapter aux transformations du marché du travail.

En définitive, le choix de l’orientation scolaire doit être guidé non par la pression sociale ou les préjugés, mais par la reconnaissance des talents, des aspirations et du potentiel de chaque jeune. L’enseignement qualifiant, avec sa diversité de filières et ses connexions au monde professionnel, offre une voie riche en opportunités pour celles et ceux qui font le choix d’y construire leur parcours académique et professionnel.

Ressources utiles

  • Enseignement.be – Le portail officiel de l’enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles
  • Mon École, Mon Métier – Le portail dédié à l’enseignement qualifiant
  • SIEP – Service d’Information sur les Études et les Professions
  • IFAPME – Institut wallon de Formation en Alternance et des indépendants et Petites et Moyennes Entreprises
  • Les Bassins EFE – Instances Bassin Enseignement qualifiant – Formation – Emploi
  • Le FOREM – Service public wallon de l’emploi et de la formation
  • Actiris – Office régional bruxellois de l’emploi

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