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Le statut « Tremplin Indépendant » : garder ses allocations en lançant son activité, mode d’emploi

Statut Tremplin indépendant

Lancer une activité indépendante quand on est au chômage, c’est tentant. Mais abandonner ses allocations pour un projet qui n’a pas encore fait ses preuves ? C’est risqué. Heureusement, le dispositif Tremplin Indépendant de l’ONEM vous permet de tester votre idée pendant 12 mois tout en conservant vos allocations. Une bouée de sauvetage qui change tout. Mais attention, les règles sont strictes et les pièges nombreux.

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Qu’est-ce que le Tremplin Indépendant ?

Un filet de sécurité pour tester votre projet

Le Tremplin Indépendant est une mesure mise en place par l’ONEM qui vous autorise à exercer une activité indépendante à titre complémentaire pendant 12 mois maximum, tout en conservant vos allocations de chômage. C’est crucial : vous gardez votre filet de sécurité pendant que vous testez la viabilité de votre projet.

En 2024, la Belgique comptait 341 591 indépendants à titre complémentaire, et 123 088 nouveaux indépendants ont démarré leur activité cette année-là. Beaucoup ont utilisé le Tremplin pour sécuriser leur transition.

Une mesure de l’ONEM depuis 2016

Instauré le 1er octobre 2016, ce dispositif vise à encourager l’entrepreneuriat sans mettre les demandeurs d’emploi en danger financier. L’idée ? Vous permettre de développer progressivement votre activité, de trouver vos premiers clients, et de vérifier que votre modèle économique tient la route avant de vous lancer à plein temps.

12 mois pour valider votre idée

Un an, c’est le temps dont vous disposez. Ni plus, ni moins. Le compteur démarre dès le début de votre activité ou dès que vous sollicitez l’avantage. Cette période n’est pas prolongeable, il faut donc l’utiliser stratégiquement. Après ces 12 mois, vous devrez faire un choix : passer indépendant à titre principal, arrêter votre activité, ou continuer en activité complémentaire (mais sans Tremplin).


Les conditions d’accès au statut Tremplin

Être demandeur d’emploi avec allocations

Pour bénéficier du Tremplin Indépendant, vous devez être inscrit comme demandeur d’emploi et percevoir des allocations de chômage. Vous devez également rester disponible sur le marché de l’emploi. Cela signifie que vous devez continuer à répondre aux obligations fixées par votre service régional (FOREM, Actiris, VDAB ou ADG).

Ne pas avoir été indépendant principal récemment

Condition essentielle : vous ne devez pas avoir exercé l’activité en tant qu’indépendant à titre principal durant les 6 dernières années. Cette règle évite que d’anciens indépendants utilisent le système pour relancer une activité déjà établie. Si vous êtes dans cette situation, le Tremplin n’est pas pour vous.

Déclarer avant de commencer

Absolument : vous devez déclarer votre activité avant de la débuter, ou au moment de votre demande d’allocations si vous êtes déjà actif. Exercer une activité non déclarée vous expose à des sanctions lourdes : remboursement des allocations perçues et exclusion du bénéfice des allocations pendant plusieurs semaines. Vous risquez même des poursuites pénales.


Les plafonds de revenus à respecter

Le seuil de 17,72€ par jour

C’est le chiffre clé à retenir : 17,72€ par jour (montant indexé en vigueur au 1er février 2025). Si votre revenu journalier net dépasse ce seuil, vos allocations de chômage seront réduites proportionnellement. Sur une année complète, cela représente environ 5 530€ nets (17,72€ × 312 jours).

Exemple concret : Si vous percevez 38€ d’allocations par jour et que vos revenus annuels nets sont de 10 000€, votre allocation journalière sera réduite à 23,67€. Vous perdez donc 14,33€ par jour d’allocations.

Comment calculer vos revenus nets

Le revenu net, c’est votre revenu brut moins vos charges professionnelles et cotisations sociales. Pour obtenir le revenu journalier, divisez votre revenu annuel net imposable par 312 jours (ou un nombre proportionnel si vous n’exercez pas toute l’année). Ce calcul déterminera l’impact sur vos allocations.

Les conséquences d’un dépassement

Si vos revenus dépassent largement le plafond, vous risquez de perdre la totalité de vos allocations. Dans certains cas, l’ONEM peut même considérer que votre activité n’est plus « accessoire » et vous retirer le bénéfice du Tremplin. C’est pourquoi il est crucial d’anticiper vos revenus et d’évaluer la viabilité financière avant de vous lancer.

Les démarches administratives pas à pas

Les formulaires C1 et C1C

Pour solliciter le Tremplin Indépendant, vous devez remplir deux formulaires : le C1 (demande d’allocations) et le C1C spécifique au Tremplin. Ces formulaires sont disponibles sur le site de l’ONEM ou auprès de votre organisme de paiement.

L’inscription auprès de votre organisme de paiement

Vous devez introduire vos formulaires complétés auprès de votre organisme de paiement (CAPAC, CSC, FGTB ou CGSLB). C’est l’ONEM qui octroie formellement l’avantage, mais le passage par votre organisme de paiement est obligatoire. Soyez précis dans vos réponses : toute information erronée peut compromettre votre dossier.

La carte de contrôle

Vous devez conserver votre carte de contrôle (papier ou électronique). Point important : si le Tremplin vous est accordé, vous ne devez pas mentionner votre activité indépendante sur cette carte. En revanche, si vous effectuez d’autres activités (salariées, par exemple), vous devez les indiquer.


Vos obligations pendant les 12 mois

Rester inscrit comme demandeur d’emploi

Même si vous développez votre activité, vous devez maintenir votre inscription auprès du FOREM, d’Actiris, du VDAB ou de l’ADG selon votre région. Cette obligation persiste pendant toute la durée du Tremplin. Si vous vous désinscrivez, vous perdez immédiatement le bénéfice du dispositif.

Maintenir votre disponibilité sur le marché

Vous devez rester disponible pour le marché de l’emploi. Concrètement, cela signifie que vous devez pouvoir accepter un emploi salarié si une opportunité se présente. Le contrôle de cette disponibilité relève désormais de la compétence des organismes régionaux. C’est un équilibre délicat à trouver entre développer votre projet et rester ouvert aux opportunités salariées.

Résider effectivement en Belgique

Pour bénéficier des allocations, vous devez avoir votre résidence habituelle en Belgique et y résider de manière effective. Pas question de partir à l’étranger pendant des mois tout en percevant vos allocations. Vous devez également être apte au travail (moins de 66% d’incapacité).


Ce que vous pouvez et ne pouvez pas faire

Exercer n’importe quelle activité indépendante

Bonne nouvelle : vous pouvez exercer n’importe quelle activité indépendante, dans le secteur de votre choix. Commerce, services, conseil, artisanat, professions libérales… Le champ est large. C’est vous qui décidez de la nature de votre projet, du moment que vous respectez les conditions du dispositif.

Les restrictions : pas d’employés, pas de sous-traitance

En revanche, vous ne pouvez pas faire exercer l’activité par des tiers. Pas d’embauche, pas de contrat de travail, pas de sous-traitance systématique (sauf exception très limitée). Vous devez être celui qui exécute le travail. Si vous avez besoin de compétences spécifiques que vous ne possédez pas, le statut d’indépendant classique sera peut-être plus adapté.

Cumuler avec un travail salarié : interdit

Point crucial : vous ne pouvez pas exercer une activité salariée dans le cadre du Tremplin Indépendant. Le dispositif est exclusivement réservé aux activités indépendantes. Si vous souhaitez cumuler chômage et travail salarié, d’autres règles s’appliquent (voir les feuilles info T41 et T45 de l’ONEM).


Après les 12 mois : vos options

Devenir indépendant à titre principal

Si votre activité décolle et que vous générez suffisamment de revenus, vous pouvez vous établir comme indépendant à titre principal. Dès ce moment, vous n’avez plus droit aux allocations de chômage. Vous devez alors noircir les cases de votre carte de contrôle à partir du jour de votre établissement et cesser d’introduire des cartes de contrôle.

Retourner au chômage complet

Si vous décidez d’arrêter votre activité indépendante à la fin du Tremplin, vous pouvez continuer à percevoir vos allocations de chômage normalement. Présentez-vous rapidement à votre organisme de paiement pour régulariser votre situation. C’est une option raisonnable si le projet n’a pas fonctionné comme prévu.

Continuer en activité complémentaire

Troisième possibilité : poursuivre votre activité indépendante à titre complémentaire après les 12 mois, mais sans le bénéfice du Tremplin. Dans ce cas, vous ne pourrez plus percevoir d’allocations de chômage (sauf exceptions très limitées). Vous devez noircir les cases de votre carte de contrôle à partir du lendemain de la fin de l’avantage.


Les risques à anticiper avant de se lancer

La sécurité financière avant tout

C’est crucial : le Tremplin Indépendant offre un filet de sécurité, mais il ne garantit pas le succès de votre projet. Avant de vous lancer, vous devez évaluer précisément votre situation financière. Combien vous coûtera votre activité ? Quels seront vos revenus réels après charges ? Avez-vous une épargne de sécurité si les choses tournent mal ?

«  Sans client, le meilleur entrepreneur ne peut survivre. Un mauvais positionnement, un marketing insuffisant ou une mauvaise évaluation des coûts peut faire capoter le meilleur projet.

Tester la viabilité commerciale

Le Tremplin vous donne 12 mois pour vérifier que votre modèle commercial fonctionne. Profitez-en pour tester votre marché : y a-t-il vraiment une demande pour votre service ou produit ? Vos prix sont-ils corrects ? Arrivez-vous à trouver des clients régulièrement ? Ces 12 mois sont précieux pour ajuster votre offre avant de plonger.

Évaluer vos revenus futurs

Question essentielle : quelle sera votre valeur sur le marché une fois le Tremplin terminé ? Si vous passez indépendant à titre principal, vos revenus seront-ils suffisants pour vivre ? Si vous retournez au salariat, quelles sont vos chances de retrouver un emploi à un niveau de rémunération acceptable ? Ces questions méritent des réponses chiffrées, pas des suppositions optimistes.

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Questions fréquentes

Puis-je bénéficier du Tremplin Indépendant plusieurs fois dans ma vie ?

Oui, vous pouvez en bénéficier plusieurs fois, mais pas durant les 6 années qui suivent un précédent Tremplin. Il faut donc laisser passer 6 ans entre deux utilisations du dispositif. Cette règle évite les abus et encourage les bénéficiaires à vraiment tenter de développer leur projet.

Que se passe-t-il si mes revenus dépassent le plafond autorisé ?

Si vos revenus dépassent 17,72€ par jour, vos allocations seront réduites proportionnellement à ce dépassement. Si le dépassement est important, vous pouvez perdre la totalité de vos allocations. L’ONEM peut aussi considérer que votre activité n’est plus « accessoire » et mettre fin au Tremplin. Chaque année, vous devez déclarer vos revenus à l’ONEM pour qu’ils calculent l’impact.

Puis-je employer quelqu’un pendant mon Tremplin Indépendant ?

Non, c’est strictement interdit (sauf exceptions très rares). Vous ne pouvez ni engager de personnel, ni recourir à des sous-traitants de manière systématique. L’idée du Tremplin est que vous testiez votre capacité à exercer l’activité vous-même. Si votre projet nécessite du personnel dès le départ, le Tremplin n’est probablement pas adapté.

Comment sont calculées les allocations de chômage pendant le Tremplin ?

Vos allocations restent inchangées tant que vos revenus journaliers ne dépassent pas 17,72€. Au-delà, l’excédent est déduit de votre allocation journalière. Par exemple, si vous percevez 38€ d’allocations et que vos revenus sont de 20€ par jour, vous perdez 2,28€ par jour d’allocations (20€ – 17,72€). Le calcul se fait annuellement et l’ONEM procède aux régularisations.

Que faire si mon projet échoue avant la fin des 12 mois ?

Si vous décidez d’arrêter votre activité avant la fin du Tremplin, présentez-vous rapidement à votre organisme de paiement. Vous pourrez continuer à percevoir vos allocations de chômage normalement. Il n’y a aucune pénalité à arrêter plus tôt, c’est même une décision sage si vous constatez que le projet n’est pas viable. Mieux vaut couper court que de s’entêter.


En résumé : le Tremplin, oui, mais préparé

Le Tremplin Indépendant est une opportunité formidable pour tester un projet entrepreneurial sans mettre en péril votre sécurité financière. Mais ce n’est pas une garantie de succès. Avant de vous lancer, évaluez sérieusement la viabilité de votre projet : y a-t-il un marché ? Vos prix sont-ils corrects ? Vos coûts sont-ils maîtrisés ? Avez-vous les compétences nécessaires ?

Le Tremplin vous offre 12 mois de répit, mais après ces 12 mois, la réalité du marché s’imposera. Si vous passez indépendant principal et que ça ne fonctionne pas, le retour en arrière sera difficile. Si vous retournez au salariat, votre valeur sur le marché déterminera votre capacité à retrouver un emploi décent. Dans les deux cas, mieux vaut avoir les yeux ouverts avant de plonger.

C’est là qu’un Audit de Sécurité Carrière prend tout son sens. Avant de solliciter le Tremplin, vérifiez que votre projet tient financièrement la route et que vous avez une porte de sortie crédible. Parce qu’avoir des compétences et un projet, c’est bien. Mais avoir un projet viable et une stratégie de repli, c’est mieux.

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