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Burn-out, bore-out, brown-out : comment reconnaître ce qui vous arrive ?

Burn-out et bore-out

Chez Trajektoire, on en rencontre des dizaines, des personnes. Des jeunes, des moins jeunes, des gens qui débutent leur carrière et d’autres qui ont, comme on dit, « bien roulé leur bosse ». Et s’il y a une plainte qui revient, encore et encore, c’est ce sentiment diffus de « je n’en peux plus ». Mais derrière ce cri du cœur, il y a un monde de nuances. Parfois, ce n’est pas « trop » de travail, c’est « pas assez ». Parfois, ce n’est ni l’un ni l’autre, c’est juste… vide de sens. Le burn-out, tout le monde connaît. Mais ses cousins, le bore-out et le brown-out, sont tout aussi dévastateurs. Alors, comment savoir ce qui vous arrive vraiment ? C’est crucial de mettre le bon mot sur vos maux pour trouver la bonne porte de sortie.

Le « mal du siècle » au travail : de quoi parle-t-on vraiment ?

La Belgique, championne de l’épuisement ?

Les chiffres ne mentent pas. En Belgique, on estime que près de 100.000 travailleurs sont en burn-out. C’est énorme. Et ce n’est que la pointe de l’iceberg. L’absentéisme de longue durée explose, et l’épuisement professionnel en est la cause numéro un. On parle souvent de la « pression », des « objectifs », de la « rentabilité ». Mais la réalité est plus complexe. C’est un mélange de culture d’entreprise, de numérisation à outrance et, de plus en plus, d’une perte de repères.

Burn-out, bore-out, brown-out : trois visages d’une même crise de sens

On a tendance à tout mettre dans le même sac. Pourtant, ces trois termes décrivent des réalités très différentes :

  • Le Burn-Out : C’est l’épuisement par le « trop ». Trop de travail, trop de pression, trop de stress. Vous brûlez de l’intérieur.
  • Le Bore-Out : C’est l’épuisement par le « pas assez ». Pas assez de tâches, pas assez de défis, pas assez de stimulation. Vous mourez d’ennui.
  • Le Brown-Out : C’est l’épuisement par le « pourquoi ». Le travail n’a plus de sens. Vous faites les choses, mais vous ne comprenez plus la finalité. Vous êtes en « baisse de tension ».

Pourquoi est-il crucial de mettre le bon mot sur vos maux ?

Parce que le diagnostic dicte le remède. On ne traite pas une surcharge de travail comme on traite une crise de sens. Si vous êtes en burn-out, la solution pourrait être de réduire la charge, de déléguer, de poser des limites. Si vous êtes en bore-out, il faudra au contraire chercher des défis, demander plus de responsabilités ou suivre une formation. Et si c’est un brown-out, la réflexion sera bien plus profonde, touchant à vos valeurs fondamentales. Absolument. Se tromper de diagnostic, c’est risquer de s’enfoncer encore plus.


Le Burn-Out : quand le « trop » vous consume

Définition : Le Burn-Out (ou syndrome d’épuisement professionnel) est un état d’épuisement physique, émotionnel et mental résultant d’une exposition prolongée à des situations de travail stressantes.

Les 3 phases du burn-out (selon Maslach)

Le burn-out ne s’installe pas du jour au lendemain. C’est un processus insidieux qui comporte trois phases clés :

  • L’épuisement émotionnel : Vous vous sentez vidé. Le simple fait de penser au travail le lundi matin vous donne la nausée. Vous n’avez plus d’énergie.
  • La dépersonnalisation (ou le cynisme) : Pour vous protéger, vous devenez cynique. Vous prenez de la distance avec vos collègues, vos clients. Vous devenez froid, négatif. C’est un mécanisme de défense.
  • La perte d’accomplissement personnel : Vous avez le sentiment de ne plus être efficace. Vous doutez de vos compétences, vous vous dévalorisez. « Je suis nul », « Je n’y arrive plus ».

Signaux d’alerte : « Je suis irritable, je dors mal et je n’ai plus de patience. »

Votre corps parle, écoutez-le. Les signaux d’alerte sont nombreux : troubles du sommeil (insomnies, réveils nocturnes), irritabilité (vous vous énervez pour un rien), fatigue chronique (même le week-end ne suffit plus à recharger les batteries), douleurs physiques (dos, estomac, migraines), difficultés de concentration, perte d’appétit ou, au contraire, grignotage compulsif.

Qui est à risque ?

On pense souvent que seuls les « faibles » craquent. C’est tout le contraire. Le burn-out touche souvent les personnes les plus engagées, les plus perfectionnistes, celles qui ont un idéal élevé de leur métier. Les professions du soin (infirmiers, médecins), de l’enseignement et du social sont particulièrement exposées, car l’implication émotionnelle y est très forte.

Le Bore-Out : l’épuisement par l’ennui

Définition : Le Bore-Out (ou syndrome d’épuisement professionnel par l’ennui) est un état de détresse psychologique causé par une sous-charge de travail chronique, l’ennui et l’absence de défis intellectuels.

Les 3 piliers du bore-out

Le bore-out repose sur un triptyque vicieux :

  • L’ennui : Le temps ne passe pas. Vous regardez l’horloge toutes les cinq minutes. Les tâches sont répétitives, sans intérêt.
  • La sous-charge (quantitative ou qualitative) : Vous n’avez (presque) rien à faire. Ou alors, ce qu’on vous demande est tellement en dessous de vos compétences que c’est insultant.
  • Le désintérêt : Vous n’avez aucun intérêt pour ce que vous faites. Vous êtes payé à « faire semblant » de travailler.

Angle: Le paradoxe des « bullshit jobs » et la surqualification

C’est un phénomène très belge et très actuel. D’une part, une étude de SD Worx montrait qu’environ 15% des travailleurs belges s’ennuieraient au travail. D’autre part, on a une génération de jeunes diplômés (masters, bacheliers) qui se retrouvent dans des « bullshit jobs », ces « jobs à la con » décrits par David Graeber. Des emplois bien payés, souvent, mais vides de sens et de contenu. Le piège ? Il est double. Non seulement vous vous ennuyez, mais vous avez honte. Honte d’être payé à ne rien faire quand d’autres se tuent à la tâche.

Signaux d’alerte : « Je fais semblant d’être débordé. »

Le bore-out est insidieux car il est honteux. On n’ose pas en parler. Les signaux typiques : vous passez plus de temps à surfer sur internet qu’à travailler, vous développez des stratégies pour avoir l’air occupé (laisser des dossiers ouverts, taper frénétiquement sur son clavier quand le chef passe), vous rentrez chez vous aussi fatigué que si vous aviez abattu un travail de titan. Car l’ennui, à la longue, ça épuise.


Le Brown-Out : la crise de sens

Définition : Le Brown-Out (ou « baisse de tension ») est un état de désengagement professionnel causé par une perte de sens radicale du travail. L’individu ne comprend plus l’utilité de ses tâches quotidiennes.

Angle: Plus subtil que le burn-out, plus profond que le bore-out

C’est peut-être le plus inquiétant des trois. Pourquoi ? Parce qu’il est presque invisible. En brown-out, vous n’êtes pas (forcément) surchargé. Vous n’êtes pas (forcément) en train de vous ennuyer. Vous êtes juste… débranché. Vous faites votre travail, souvent correctement, mais en pilote automatique. Vous avez l’impression de contribuer à quelque chose d’absurde, d’inutile, voire de néfaste. C’est la « Zoom fatigue » post-covid poussée à l’extrême : vous passez vos journées en réunions qui n’aboutissent à rien, à remplir des tableaux Excel que personne ne lit.

Signaux : « Je fais mon job, mais je ne comprends plus pourquoi. »

Le brown-out se manifeste par un désengagement cynique. Vous utilisez à l’excès le jargon d’entreprise pour masquer le vide. Vous devenez indifférent aux objectifs. Vous ne voyez plus l’impact de votre travail. Une étude StepStone révélait il y a peu que seuls 37% des Belges estiment que leur travail a du sens. C’est un chiffre effrayant. Quand le travail, qui occupe septante à nonante pour cent de notre temps éveillé, perd son sens, c’est toute la vie qui perd sa couleur.

Le contraire du bonheur n’est pas le malheur, c’est l’ennui et l’absence de sens. Le brown-out est l’archétype de cet état.

L’impact de la « culture de la réunion »

Le télétravail massif a pu aggraver le brown-out. Coupé du « pourquoi » (les retours clients, le sourire d’un collègue aidé), il ne reste que le « comment » (les e-mails, les réunions Teams/Zoom). On passe des heures à « aligner les planètes » sans jamais rien lancer. Cette déconnexion du réel, du concret, est un puissant moteur de brown-out.

Auto-diagnostic : 10 questions pour y voir plus clair

Attention, ceci n’est pas un diagnostic médical. Mais répondre honnêtement à ces questions peut vous mettre sur la piste. Prenez un papier, un bic, et soyez franc avec vous-même.

Piste Burn-Out (Le « Trop Plein »)

  • 1. Vous sentez-vous constamment « sur les nerfs », irritable, à fleur de peau ?
  • 2. Votre sommeil est-il de mauvaise qualité (difficultés à s’endormir, réveils multiples) ?
  • 3. Avez-vous le sentiment d’être submergé, que la « pile de dossiers » ne diminuera jamais ?

Piste Bore-Out (Le « Trop Vide »)

  • 4. Regardez-vous l’horloge plus de 5 fois par heure ?
  • 5. Avez-vous l’impression que vos compétences sont sous-utilisées, voire inutiles ?
  • 6. Rentrez-vous chez vous fatigué, mais sans avoir l’impression d’avoir « fait » quelque chose ?

Piste Brown-Out (Le « Non-Sens »)

  • 7. Vous surprenez-vous à penser « Mais à quoi ça rime, tout ça ? » en parlant de votre travail ?
  • 8. Avez-vous du mal à expliquer à vos proches en quoi consiste votre travail, ou son utilité ?
  • 9. Ressentez-vous un décalage croissant entre vos valeurs personnelles et les objectifs de votre entreprise ?
  • 10. Êtes-vous devenu cynique par rapport au discours « corporate » (valeurs, mission, etc.) ?

Les conséquences : pourquoi il ne faut (surtout) pas rester seul

Qu’il s’agisse de burn-out, de bore-out ou de brown-out, le résultat à moyen terme est le même : la souffrance. Rester dans une situation qui ne convient pas, c’est s’exposer à des risques graves.

L’impact sur la santé physique

Le stress chronique (par surcharge ou par ennui !) est un tueur silencieux. Il fait grimper le cortisol, ce qui peut entraîner : prise de poids, problèmes digestifs, maladies cardio-vasculaires, troubles musculo-squelettiques (le fameux « mal de dos »). Votre corps vous dit « STOP ».

L’impact sur la santé mentale

C’est la conséquence la plus évidente. Anxiété, crises de panique, et très souvent, la dépression. Le travail devient une source d’angoisse. L’estime de soi s’effondre. On se sent coupable (« C’est de ma faute, je ne suis pas assez fort ») ou honteux (« Je suis payé à rien faire »). C’est un cercle vicieux dont il est très difficile de sortir sans aide extérieure. Un bon psychologue est souvent la première étape indispensable.

L’isolement social et professionnel : la double peine

Quand on est vidé, on n’a plus d’énergie pour sa vie sociale. On refuse les invitations, on s’isole. Au travail, c’est pareil. Le cynisme du burn-out ou la honte du bore-out coupent des collègues. On devient « le collègue fantôme ». Cet isolement aggrave la souffrance et empêche de trouver du soutien.


Les pistes de solution : (re)trouver sa place

OK, le constat est posé. Maintenant, on fait quoi ? La première chose à savoir : on peut s’en sortir. Mais cela demande du courage et de l’action.

Étape 1 : Parler. (Médecin traitant, psychologue, coach)

Ne restez pas seul. La première étape, la plus dure, est de verbaliser. D’aller voir votre médecin traitant. Lui seul pourra poser un diagnostic médical, vous mettre au repos si nécessaire et vous orienter. Consulter un psychologue ou un thérapeute est aussi fondamental pour dénouer les fils de ce qui vous arrive. Parfois, un coach personnel (life coach) peut aider à fixer des objectifs concrets pour s’en sortir.

Étape 2 : Comprendre. (Bilan de compétences, bilan d’orientation)

Une fois l’urgence médicale passée, il faut comprendre. Qu’est-ce qui, dans ce travail, vous a épuisé ? Qu’est-ce qui, dans vos tâches, n’avait plus de sens ? C’est là que faire un bilan d’orientation prend tout son sens. Non, ce n’est pas « juste pour les jeunes ». C’est un outil puissant pour faire le point sur vos compétences, oui, mais surtout sur vos valeurs, vos aspirations profondes et vos besoins (besoin de reconnaissance, de créativité, d’autonomie…). Notre diagnostic d’orientation ‘Capital Talents’ est spécifiquement conçu pour ça : vous aider à redessiner une trajectoire qui vous ressemble. C’est crucial.

Étape 3 : Agir. (Changer de poste, de service, ou… de vie ?)

Comprendre, c’est bien. Agir, c’est mieux. Parfois, la solution est simple : un changement de service, un aménagement du temps de travail, une discussion franche avec son N+1. D’autres fois, la conclusion est plus radicale : ce métier, cette entreprise… ce n’est plus pour vous. C’est le moment d’envisager une reconversion. Peut-être vers un métier plus manuel, ou au contraire plus intellectuel. Peut-être vers un métier d’aide, comme assistant social, pour retrouver ce sens perdu. L’important est de reprendre le contrôle.

FAQ – Vos questions sur l’épuisement professionnel

1. Quelle est la différence entre burn-out et dépression ?

C’est une question complexe, et les deux sont souvent liés. En bref : le burn-out est spécifiquement lié au travail. Souvent, une personne en burn-out peut encore trouver du plaisir dans ses loisirs (au début). Une personne en dépression majeure verra un abattement dans toutes les sphères de sa vie. Cependant, un burn-out non traité conduit très souvent à une dépression clinique. C’est votre médecin qui fera la distinction.

2. Mon employeur peut-il faire quelque chose ?

Absolument. En Belgique, l’employeur a une obligation légale de veiller au bien-être de ses travailleurs. Vous pouvez contacter la personne de confiance, le conseiller en prévention aspects psychosociaux, ou le service externe de prévention (médecine du travail). Parfois, une médiation ou un ajustement du poste de travail est possible. N’hésitez pas à consulter un site d’autorité comme celui du SPF Emploi pour connaître vos droits.

3. Combien de temps pour se remettre d’un burn-out ?

Il n’y a pas de règle. Cela peut prendre plusieurs mois, voire un an ou plus. Vouloir aller trop vite est le meilleur moyen de faire une rechute. La guérison passe par trois phases : le repos (couper complètement), la réflexion (comprendre ce qui s’est passé) et la reconstruction (remise en action progressive).

4. Le bore-out est-il reconnu en Belgique ?

Médicalement, il est moins défini que le burn-out. Juridiquement, c’est compliqué. Cependant, si vous pouvez prouver que votre employeur vous a « mis au placard » délibérément, sans vous donner de tâches, cela peut être considéré comme une forme de harcèlement moral. Mais c’est au cas par cas.

5. Un bilan d’orientation peut-il m’aider même si j’ai 40 ans ?

C’est une de nos convictions chez Trajektoire : il n’y a pas d’âge ! Justement, à 40 ou 50 ans, vos priorités ne sont plus les mêmes qu’à 20 ans. Vous avez plus d’expérience, mais aussi peut-être moins d’envie de « jouer le jeu » de l’entreprise. Un bilan à cet âge est souvent une révélation, permettant d’aligner enfin votre carrière avec qui vous êtes devenu.

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